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En jaune sable, les bouquins pour les vacances et les weekends, quand tu es libéré du poids des séries miteuses de la télé. Dessous, l’impression (très subjective) que m’a laissée le labeur des autres.

Christopher Wylie – Mindf*ck
Random House, 2019

Mindf*ck Disponible malheureusement en anglais uniquement, ce bouquin n’est pas un roman. Au contraire, c’est une sorte de journal qui raconte le pourquoi et le comment de deux évènements aussi incongrus que majeurs, et qui sont étonnamment liés : l’élection de Donald Trump et le Brexit. Rien d’inventé, à première vue : l’auteur explique par quelle séquence d’analyses psychologiques et de nourrissements intellectuels pervers, les intello-voyous de Cambridge Analytica sont parvenus à faire voter des citoyens jusque là parfaitement normaux, contre leurs propres intérêts.
À la base, Wylie est juste un petit con dans mon genre : un technocrate plus préoccupé de la façon de laquelle on fait fonctionner les machines, que des résultats que le travail en question peut amener. Mêlé de près aux agissements des manipulateurs, il décrit dans un langage parfaitement accessible, comment la démocratie chère à nos aïeux en est arrivée elle-même à se tirer une balle dans le pied – voire même ailleurs – alors que « n’allez surtout pas croire que les intentions de départ étaient mauvaises » (on sait évidemment de quoi est pavé l’enfer, mais on a quand même le sentiment que Wylie n’a pas été très rapide à se rendre compte dans quel but était utilisé son savoir-faire).

À lire toutes affaires cessantes : nos cerveaux ne sont pas l’abri surtout que j’ai constaté récemment que le processus est toujours actif. Regardez autour de vous comme fleurissent encore les publications émanant de sites à l’aspect extérieur normal et combien sont encore nombreux, ceux qui se laissent influencer par des «  remèdes simples à des problèmes complexes » : la logique simpliste de l’extrême-droite continue de tenter de nous contaminer, plus ou moins à l’insu de notre plein gré.

Don Winslow – Mort et vie de Bobby Z
Harper Collins France (Poche), 2019

Mort et vie de Bobby Z Réédition d’un des premiers polars de Winslow, édité précédemment chez Belfond (1998).
Vas-y, jette-toi là-dessus ! C’est sympa, c’est rigolo au deuxième degré, on n’en sort qu’avec un seul regret : c’est déjà fini.

À lire un doux sourire aux lèvres, dans un transat avec une paire de Raybans sur le nez. Mais fais attention à ne pas attraper de coups de soleil, parce que le quitter est un exploit en soi.

Jean-Christophe Grangé – La dernière chasse
Le Livre de Poche, 2020 (Albin Michel 2019)

La dernière chasse À chaque fois que j’ouvre un Grangé, la même réflexion me vient à l’esprit : putain, je me suis de nouveau laissé attraper, c’est la dernière fois ! Les tics habituels sont toujours aussi présents, mélange de parisianisme agaçant et de xénophobie latente – les Allemands sont bizarres, les Alsaciens aussi mais un peu moins, en fait il n’y a que nous à être normaux.
Puis on se laisse embarquer de façon insidieuse dans le microcosme grangesque… et le coup de théâtre final est tellement prévisible qu’on est surpris qu’il finisse néanmoins par se produire.

Dispensable mais pas désagréable à lire pour autant, osons le reconnaitre.

Morgan Audic – De bonnes raisons de mourir
Le Livre de Poche, 2020 (Albin Michel 2019)

De bonnes raisons de mourir Breton, Audic a réalisé un tour de force : un polar français sans aucune référence à la France. Disons-le tout de suite, ce gros poche de 600 pages n’est pas exempt de défauts. Le début est hésitant, tant au plan de l’histoire qu’à celui du style et certains timings de transition sont trop longs pour que l’on n’éprouve pas de temps en temps, un peu de mal à se rappeler les personnages et ce qui leur est arrivé.
Mais on va de surprise en surprise, ne serait-ce d’ailleurs qu’à la description effrayante du cadre dans lequel l’histoire se passe, et qui, au fil des pages, éveille un dégoût et une révolte à la limite du soutenable… Jusqu’au scandale final, qui est vraiment très loin d’être ce à quoi on aurait pu s’attendre.
À lire d’urgence, et je pèse mes mots, en dépit d’un synopsis somme toute assez peu original, et même si le qualificatif de « lecture de vacances » n’est pas nécessairement approprié : on est là en présence d’une espèce de chef-d’œuvre brut, certes imparfait par moments, mais quelle claque on se prend en pleine poire !

Myriam Leroy – Les yeux rouges
Le Seuil, 2019

Mindf*ck Je suivais Myriam Leroy sur Twitter du temps où les affirmations à l’emporte pièce n’étaient pas encore la règle qu’elles sont devenues. La plupart du temps, j’appréciais la pertinence de ses propos, bien que j’aie toujours éprouvé de la méfiance par rapport à une certaine gauche un peu trop propre sur elle, et qui me parait donc, connectée d’un peu trop loin à la situation réelle de ceux dont elle prétend se soucier.
J’avais remarqué ses démêlés avec quelques gros va de la gueule bien marqués à droite, aux certitudes fortement ancrées dans leurs cervelets de rascards misogynes formatés façon avant guerre mondiale (la première pour les pires d’entre eux).
Puis, elle a coupé les ponts avec Twitter comme avec Facebook. Je me suis demandé pourquoi, sans que ça m’empêche de dormir, admettons-le. La réponse se trouve dans ces Yeux Rouges qui relatent bien plus que des déboires personnels : un gros malaise social qu’en tant que mec, je n’avais pas bien évalué.
À lire impérativement si tu es un mec. Probablement moins édifiant pour les nanas, dont pas mal doivent déjà avoir vécu ce genre de situation.